Maître Philippe de Lyon, dans ses paroles et enseignements: pour que la prière soit entendue
Il faut prier pour apprendre à prier
On doit prier pour apprendre à prier. On apprend à un petit enfant sa prière ; quand il est devenu un vieillard, il se souvient encore de cette prière que ses parents lui ont apprise à deux ou trois ans, et c’est peut-être la seule chose dont il se souviendra de son jeune âge. Et cette prière, chaque fois que l’enfant la récitera, sera comptée à ses parents.
Le premier venu qui récite des Pater Noster est encore dans la voie, parce qu’il montre un geste d’humilité à la matière, humilité nécessaire pour que notre prière soit entendue. Il faut demander à Dieu d’abord ensuite à son ange gardien. Ne pas s’adresser à un esprit, s’adresser à Dieu.
Priez Dieu.
Peu vous importe si un ancien apôtre ou un saint qui se trouvera de l’autre côté vous aide à ce que votre prière parvienne, vous n’avez pas à vous en occuper. (21-4-1903)
La prière seule ne peut nous sauver, mais elle donne prise à notre ange gardien pour nous conduire. Il est nécessaire de prier souvent, avant le sommeil, au réveil, et enfin élever sans cesse notre âme vers Dieu.
Plus on va, plus on est frêle et plus il faut prier, parce que les attaques de l’ennemi sont plus nombreuses.
Il est utile de prier, non pour alléger ses peines, ses souffrances, mais pour demander la force, le courage.
Notre prière n’est pas toujours entendue, et c’est heureux, car, si Dieu entendait nos prières, elles l’offenseraient souvent.
Mais il est utile de prier parce que cela nous entretient en haleine. Cesser de prier, c’est ne plus pouvoir prier un jour.
Prions du fond du coeur car il est en nous des êtres insatiables qui s’abreuvent de la prière.
Si du fond du coeur part une prière, des êtres l’entendent. C’est le soleil pour eux, pour tout l’organisme. Si une mauvaise pensée nous empêche de prier, c’est un scandale pour ces êtres.
La prière élève l’âme et il faut prier non seulement pour nous, mais pour ceux qui ne peuvent pas prier, pour ceux qui sont dans les ténèbres.
Il faut prier pour ceux qui ne savent pas ou ne peuvent le faire.
Point n’est besoin de prier pour les morts ; laissons-les où ils sont et restons où nous sommes.
Je vous affirme qu’en demandant pour ceux qui ne peuvent le faire, en demandant de supporter leurs peines, vous leur donnez alors l’exemple de supporter à leur tour celles de leurs frères. C’est le seul moyen d’entrer dans le Ciel.(20-9-1 894)
L’oraison dominicale, qui nous vient du Ciel par le Fils, ne peut se prononcer sans que celui qui la dit du fond du coeur soit uni d’intention avec Notre-Seigneur.
Elle a été donnée pour certains êtres, ceux à qui on parlait et pour les encourager.
Elle est encore la prière de la plupart, et cela parce qu’il y a autour des hommes des êtres que nous ne voyons pas, qui sont là et que cette parole fait réfléchir.
Ce sont ceux qui nous induisent en tentation. Au moment où nous prions et prononçons cette phrase, eux qui nous tourmentaient comme nous nous taquinerions un enfant, se ressaisissent et se disent : Pourquoi nous amuserions-nous à faire du mal à ce petit?
Mais le véritable soldat qui veut marcher de l’avant ne dit pas : Ne nous induisez pas en tentation. Ces paroles en effet n’ont jamais été prononcées, mais celles-ci : Ne nous laissez pas succomber à la tentation.
Dieu ne peut être l’auteur de nos tentations, mais Il permet que Satan nous tente, afin que nous reconnaissions que nous ne sommes rien sans Lui. La tentation à laquelle on résiste est notre meilleur moyen de travail.
La prière est inutile si elle est mal faite. Celui qui nous a mis sur la terre sait ce qu’il nous faut, et il ne faut Lui demander secours que lorsque nous n’en pouvons plus, tandis que nous Lui demandons secours, toujours secours, lors même que nous ne manquons absolument de rien.
Que faites-vous quand vous priez? Vous demandez de n’avoir pas de tribulations, d’avoir tout ce dont vous avez besoin.
Eh bien! permettez-moi de vous dire que j’appelle ces prières de la paresse, et la paresse n’entre pas dans le Ciel. (3-7-1894)
C’est dans les grandes adversités où on se croit perdu que de grands secours nous arrivent ; il ne faut donc jamais désespérer, mais lutter avec courage et résignation afin de surmonter les petits obstacles parce que de plus grands nous surviendront ; mais alors ils nous seront moins pénibles en ce que nous aurons plus de lumière et partant beaucoup plus de force. (4-2-1895)
Ce qui fait que Dieu n’entend pas la prière de tous ceux qui prient, ce n’est pas qu’Il soit loin d’eux, mais c’est qu’eux sont loin de Lui, car Il est partout. Priez ; mais lorsque vous priez ayez bien soin de chasser loin de vous la rancune, et lorsque vous dites : Pardonnez-nous nos offenses comme nous pardonnons, rentrez en vous-mêmes, n’en voulant à personne, car ceux que vous ne voyez pas mais qui sont chargés de transmettre votre prière seraient scandalisés.
Lavez-vous les mains avant de prier, non pas avec de l’eau et du savon, mais lavez-les de toutes les impuretés, et alors votre prière sera exaucée ; et, si elle ne l’est complètement, Dieu qui sait ce qu’il nous faut, vous donnera autre chose en surplus. (27-13-1893)
Il faut aussi avoir soin d’améliorer en nous tout ce dont nous sommes capables de vomir sur nos frères. Seulement alors le Ciel entendra notre voix. Pour que Dieu puisse entendre ta prière, ne sois pas toi-même, ne sois pas orgueilleux, sois le serviteur des serviteurs. Si nous pensons quelquefois à ces paroles, bien que nous ne les mettions pas en pratique, à l’heure de la mort nous verrons quelqu’un qui nous conduira et nous serons bien contents. (3-12-1896)
Si vous restiez seulement une demi-journée sans avoir de mauvaises pensées, de mauvaises paroles, sans parler des absents, sans juger personne, la prière que vous feriez après serait entendue du Ciel. J’ai dit souvent : Il vaut mieux ne pas prier que de prier mal, car si vous priez après avoir fait du mal à quelqu’un et que vous disiez : J’aime mon prochain , vous faites un mensonge et les mensonges sont formellement interdits par la loi du Ciel.
Mais priez, même ne seriez-vous pas entendus, si vous venez de vous emporter ou de commettre un autre péché, car par la prière vous améliorez le mal que vous venez de faire. Toutes vos mauvaises pensées, toutes vos paroles inutiles seront autant d’obstacles que vous trouverez un jour sur la route du Ciel.
Pour que la prière soit entendue, il faut qu’elle parte au fond du coeur. Pour cela il faut que nous ayons souffert, car la souffrance élève l’âme. Il faut ne pas éviter la peine, se soumettre à la volonté de Celui qui nous envoie et aimer son prochain. (3-1-1895 ; 6-3-1902)
LA PRIERE expliquée par Nizier Anthelme Philippe dans les séances aux nombreux fidèles et malades
Il y a à peu près deux mille ans Notre-Seigneur Jésus-Christ a dit à ceux qui l’entouraient : » Veillez et priez « . Aujourd’hui je vous dirai la même chose :
» Veillez et priez, le temps de la moisson est proche « .
(Pour expliquer 1 Thessaloniciens, V, 2) – Un pommier dans un verger a des pommes ; les unes sont plus mûres, les autres vertes, les autres gâtées. Celles qui sont les plus mûres devraient rester et les mauvaises partir. Mais non ; les plus mûres (je veux dire les esprits qui sont d’un sentiment plus religieux) se disent : Nous allons partir et laisser les autres. Puis survient un vent. Croyez-vous qu’il vienne par hasard? Non. Il était nécessaire.
Il fait tomber certaines pommes par terre. Enfin le propriétaire vient et que va-t-il ramasser? Les pommes mûres, car il est dit : Nul ne connaît son heure. Veillez et priez. Et cela doit être dit trois fois, parce qu’il faut veiller sur son âme, sur son esprit et sur son corps.
Il est dit que le Christ viendra comme un larron.